Un vigneron italien en 2025 : domaine Jacopo Stigliano, Emilie-Romagne !
Né en 1989 à Bologne, il est diplômé en histoire et culture de l’alimentation et a immédiatement travaillé comme sommelier, approfondissant ses connaissances des caves et des producteurs. Au palais raffiné et exigeant, il parcourt l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne. Il apprend les règles du marché du vin et, au fil du temps, il se rapproche de plus en plus de la production, alignant de précieuses expériences en Émilie avec Vittorio Graziano, Podere Pradarolo et Gradizzolo ou dans les Marches sur le domaine Aurora et avec Maurizio Silvestri et Stefano Amerighi dans le projet Vignes de Noè. L’idée de se consacrer à son propre vignoble pour raconter à travers son vin toute l’expérience acquise grandit.
La vie le ramène « à la maison » pour des raisons familiales et il trouve ici le terrain qu’il cherchait. Il identifie et récupère un vieux vignoble d’un hectare à 250 m. d’altitude dans le Parc Naturel de l’Abbaye de Monteveglio à Valsamoggia, à la frontière avec Modène et les Apennins. Une forêt semi-abandonnée de plantes mariées, une vingtaine de cépages différents (entre autres plusieurs écotypes d’Albana – di Romagna, Grossa et écotypes de Trebbiano – Romagnolo, Montanaro, di Spagna et aussi Verdicchio, Pignoletto, Grechetto, Sauvignon, Chasselas et Moscato di Terracina pour n’en citer que quelques-uns…) plantés vers 1920 et cultivés librement et sauvagement loin de toute manipulation et altération.
Vittorio Graziano et Costantino Amidei l’aident à (re)connaître tous les raisins de ces vignobles mixtes, héritage d’une coutume paysanne des années 1950 consistant à échanger des boutures sur les marchés selon la logique de la vigne comme un système commun où les plantes naturelles dialoguent les unes avec les autres et chacune apporte ses propres caractéristiques qui forment finalement un vin total. Une seule vendange pour tous les raisins, en essayant de les récolter le plus possible à pleine maturité et une seule vinification en commun. Pour le moment, la cave de support est celle d’Antonio Ognibene d’Agr. Gradizzolo, mémoire et pierre angulaire de l’histoire de la viticulture en Emilie.
Débutée en 2017, l’installation de Jacopo est pensée comme une réhabilitation d’anciennes vignes typiques, aujourd’hui abandonnées : des parcelles plus que centenaires, des complantations, comme petites forêts, et des environnements naturels indépendants, avec arbres fruitiers, des fleurs et beaucoup d’animaux qui habitent ici de façon permanente. Une conception très proche de l’agroforesterie.
« Je travaille avec beaucoup de cépages autochtones mélangés et j’essaye de composer des grandes « field blends », avec la ferme croyance qu’il faut produire un vin dans la vigne et pas dans la cave. »
Jacopo, toujours discret et souriant, trahit la maîtrise d’un vigneron expert, orchestrant parfaitement tous les cépages dans une harmonie gustative qui surprend et captive. Un projet beau, fort et contre-intuitif : un jeune homme qui revient à la terre, la force de la multiplicité contre l’exaltation d’un seul cépage et une fascination pour une tradition perdue…
Bonne chance, Jacopo !
Sources : decanto.it et entretien avec le vigneron