Voyage en Alsace : notre carnet de dégustation

 

C’est vrai que l’équipe de Vin sur Vin avait hésité à choisir l’Alsace comme destination du traditionnel voyage œnologique, trop loin, trop de route, n’allait-on pas perdre deux jours en trajet ?
Finalement, grâce à une programmation soigneusement concoctée, cinq domaines viticoles ont été choisis. Dès le premier jour, le groupe est arrivé pile à l’heure prévue pour visiter le premier domaine.

Domaine Camille Braun

Situé sur la partie Sud de la route des vins d’Alsace, le Domaine Camille Braun à Orschwihr est un domaine de 15 ha où des générations se sont succédé de père en fils depuis 1593. Il est exploité par Christophe en bio et biodynamie (certification Demeter). 70 % de la production (environ 80 000 bouteilles) est destinée aux particuliers et 25 % à l’export.

Accueil parfait par Maxime qui travaille au domaine Braun depuis huit ans et qui a su répondre avec précision et patience à toutes les questions.

Le domaine Camille Braun n’échappe pas à la multiplication de parcelles différentes observée en Alsace (voir encart plus bas) : une bonne trentaine, chaque parcelle est vinifiée séparément, chacune donnant sa typicité au vin.

Pour que la vinification respecte toute la richesse de ces petits terroirs, les chais s’adaptent : pour les vins élevés en cuve, le chai révèle des cuves de toutes tailles, souvent très petites, correspondant à la récolte d’une petite parcelle. Ce sera aussi une caractéristique que l’équipe retrouvera au cours des autres visites. Et pour les vins élevés en fût, un chai a été creusé en 2013 : de magnifiques foudres et des tonneaux sont alignés sur un sol dallé en grès rose des Vosges, laissant toutefois la place à une jarre en porcelaine de France, histoire de varier les expériences.

Pour assurer dans de bonnes conditions le pressurage des petites récoltes qui se succèdent les jours de vendange, le domaine possède trois pressoirs.

Maxime rappelle les cépages cultivés et leur répartition. Tout d’abord les cépages nobles : le riesling (20 %), le gewurztraminer (15 %) le pinot gris (20 %) et le muscat (5 %), ensuite le pinot blanc (15 %) le pinot noir (15 %), le sylvaner (5 %) et le chardonnay (5 %).

Deux crémants ont été tout d’abord proposés à la dégustation :

• Crémant d’Alsace Prestige 2018 (70 % chardonnay et 30 % pinot blanc) Extra Brut
  méthode traditionnelle, élevé trois ans sur lattes – prix 13 €.
• Crémant d’Alsace Brut (pinot blanc et pinot d’Auxerrois) – prix 10 €.

La dégustation s’est poursuivie par 9 vins :

• Riesling Luft 2020 -14°- le Luft est un des coteaux du Bollenberg qui est une colline au sol à dominante argilo calcaire avec une lande sèche très propice à la culture de la vigne.
  Vin puissant à l’acidité légère, plutôt un vin gastronomique d’accompagnement – 6 à 7 ans de garde.
• Pinot gris 2021 Cuvée de la Chapelle. Sol argilo-gréseux de la colline du Bollenberg-13,5 degrés.Vin sec mais moins gras que le précédent avec des arômes de sous-bois – prix 11 € – Peut se servir en apéritif ou sur des fromages.
• Muscat d’Alsace Bollenberg 2021. Blanc sec aux arômes puissants qui feraient penser à un moelleux. Une macération très courte permet d’apporter de la fraîcheur. En Alsace c’est le vin de prédilection des amateurs d’asperges. – Prix 10 € –
• Riesling grand cru Kaefferkopf 2018 – 14° – Dernier grand cru d’Alsace apparu en 2007, ce terroir du Kaefferkopf est le premier terroir alsacien reconnu et renommé dès le XIVe siècle. Le sol est composé de granite à deux micas appelé également granite de Turckheim. Élevé en cuve inox , original, ce riesling très différent du premier, développe beaucoup d’arômes . – Prix 20 € –
• Pinot noir Bollenberg 2020 – 13,5° – Ce vin rouge élevé en barrique de chêne est ample, un peu épicé , un vin rond très agréable – prix 26 € –
• Gewurztraminer Bollenberg cuvée Saint-Nicolas 2020 – 14° – arômes délicats, vin doux mais pas trop (20 g de sucre résiduel ) parfait avec un foie gras ou en apéritif – prix 11,50 € –
• Lune Rousse 2021 . Il s’agit d’un vin orange (Gewurztraminer de macération sans ajout de sulfite et sans filtration avant la mise en bouteille) – 14° – prix 17 €.

Domaine Jean Becker

C’est avec un « bon anniversaire Martine » en chanson que l’équipe a rencontré Martine Becker qui avait accepté de faire visiter le Domaine Jean Becker dans le village de Zellengerg alors même que ce vendredi 11 novembre était férié, qu’il s’agissait de son anniversaire et que la fatigue de la courageuse Martine était évidente.

Martine Becker gère le domaine d’une vingtaine d’hectares, en bio depuis 1999, avec ses deux frères Jean Philippe et Jean-François.

Ici aussi il s’agit d’une longue lignée de vignerons depuis 1610 et de négociants de vins d’Alsace depuis 1848. C’est Jean-Jacques Becker, le père, qui a replanté les vignobles endommagés après la guerre.
Martine s’occupe de la commercialisation mais possède une compétence solide en œnologie, elle qui a été grand maître de la Confrérie Saint-Étienne d’Alsace et a côtoyé des célébrités de tous bords. Fière d’être alsacienne, Martine a rappelé plusieurs fois que l’Alsace était française depuis les années 1600 et évoqué, comme si elle le vivait encore douloureusement, les deux périodes d’occupation de l’Alsace-Moselle.

Environ 20 ha sont plantés en cépage blancs, sylvaner, riesling, pinot blanc, pinot gris, muscat et gewurztraminer et en rouge avec le pinot noir. Presque 4,5 ha sont classés en Grand Cru. Taille de la vigne en Guyot Poussard, engazonnement un rang sur deux, vendange manuelle.
Ici également, la mosaïque des sols a multiplié les parcelles, nécessitant, dans le dédale des grandes salles, une cuverie avec des cuves de toutes dimensions. Pour l’élevage en fût, le domaine dispose d’un chai avec des foudres magnifiques datant de 1800 et des rangées de tonneaux. Bien sûr, pour presser dans la journée les petites récoltes, 2 pressoirs sont indispensables à l’époque des vendanges.

Au moment de la dégustation, l’équipe de Vin sur Vin ne s’étonne pas de voir une carte de pas moins de 45 vins, normal avec ces terroirs variés et fragmentés.

10 vins ont été proposés à la dégustation. (Tarif donnés au cours de la dégustation, départ cave) :

• Gentil: assemblage soumis à une charte de qualité devant comporter 50 % de cépages nobles et 50 % d’autres vins. C’est un vin demi sec, plutôt sec tendre, très agréable, ne se garde pas plus de trois ans – prix 7,10 € –
• Riesling nature 2020. La robe est un peu plus dorée. Sec, un peu d’astringence. – Prix 12,50 €
• Riesling Froehn Grand Cru 2017. Sur sols argilo calcaires et sables. Sec tendre à la belle acidité, légèrement citronnée. – Prix 18,20 € –
• Riesling Grand Cru Mandelberg 2018. Sur sols marneux. Vin plus minéral que le précédent avec un peu plus d’acidité, notes d’agrumes – Prix 18,40 € –
• Riesling Grand Cru Schoenenbourg 2016. Sols marneux, couche de grès vosgien. Vin sec, acidité plus soutenue, notes de salinité – Prix 20,20 € –
• Pinot gris Grand Cru Sonnenglanz 2018. Sols caillouteux ,calcaire et marne. Élevé en barrique. Doux, presque moelleux, un peu fumé, alcooleux.– Prix 18,90€ –
• Pinot gris Grand Cru Froehn 2018. Un peu plus doux que le précédent , plus riche (42,6 g de sucre résiduel) – prix 21 € –
• Gewurztraminer Grand Cru Froehn 2016. Sur sols marneux. Des arômes de litchi, une grande fraîcheur – prix 18,40 € –
• Gewurztraminer Sonnenglanz 2016. Issu de vieilles vignes de plus de 80 ans, sur sols argilo calcaires, c’est un vin très équilibré – prix 19,40 € –
• Gewurztraminer vendange tardives 2018. Il s’agit d’un vin moelleux vendu en bouteille de 50 cl – prix 19,40 € –

Domaine Paul Humbrecht

C’est un habitué du salon VinoTours, Marc Humbrecht , du Domaine Humbrecht à Pfaffenheim qui a accueilli l’équipe de Vin sur Vin. (retrouvez ici tous les vignerons présents au salon VinoTours)

Dans cette lignée de vignerons de père en fils depuis 1620, le domaine a pris le nom de Paul Humbrecht.

Paul Humbrecht est le premier à venir s’installer à Pfaffenheim et le premier aussi à avoir mis en bouteilles sa production de vins au lieu de la livrer en tonneau. C’est son petit-fils, Pierre-Paul, qui reprend l’héritage familial et le tourne vers la culture de la vigne en bio en 1999, puis en biodynamie.
A présent, Marc, le fils de Pierre-Paul, dirige le domaine aidé par sa femme Suzel.

Les parents de Marc, Annie et Pierre-Paul, bien connus du salon VinoTours, prennent part aux travaux du domaine. Mais c’est Marc qui vérifie dans les moindre détails la conduite de la vigne et la vinification selon trois principes qu’il a martelés pendant la balade dans les vignes : respect de l’humain, respect de l’environnement, respect de la santé de tous.

Pour cela Marc va s’appuyer sur les avis de ceux qui savent, les spécialistes, les scientifiques, les seuls qui trouvent grâce à ses yeux et sûrement pas sur les habitudes défendues par d’autres vignerons.
C’est ainsi que les sols font l’objet d’une analyse tous les ans pour apporter les amendements naturels qui seraient nécessaires de façon à limiter les doses de cuivre et de soufre.
De même les rangs de vignes ont été espacées pour permettre le travail du tracteur aux roues très larges pour ne pas tasser le sol et pour effectuer également les semis d’engrais vert 1 rang sur 2, deux fois par an.
Ou encore ce n’est pas le broyage de cet engrais vert qui a été retenu, mais une faucheuse adaptée par Marc à l’écartement des rangs. Cette technique permet un paillage plus satisfaisant qui se dégrade par ailleurs lentement, bienvenu dans une Alsace où la pluviométrie est faible et où les sols se dessèchent.

Le respect de l’humain, de l’environnement et de la santé, presque une doctrine, se retrouvent dans la vinification où seules les levures endogènes sont utilisées, les levures des raisins mais aussi celles du chai. Cette application stricte de la préservation des levures, afin d’éviter de les perturber, l’équipe en a fait les frais, puisqu’il n’a pas été possible de visiter le chai… une première, semble-t-il, dans les nombreuses visites effectuées au cours des différents voyages.
Tous les vins sont élevés en cuve inox sauf le pinot noir. Les cuvées, dans leur majorité, sont dénommées par des prénoms, peut-être une façon de les rendre vivantes.

Au cours de la dégustation qui a suivi, les vins suivants ont été proposés (la carte des vins comme les autres domaines en compte plus de 25) :

• Crémant d’Alsace 2014, brut millésimé (pinot blanc – riesling – pinot gris). Ce crémant à la robe claire est élevé trois ans sur lattes. La demande de crémant d’Alsace est de plus en plus importante.
  Prix 17 € .
• Sylvaner « Noah » 2018. 13,5°. Vin sec au nez floral
• Riesling « Paul » 2011. Blanc sec au nez de « pétrole » souvent caractéristique du riesling , dégustation agréable. – Prix 23 € –
• Riesling « Clémentine » 2017. Blanc un peu plus sec tendre que le précédent , plus gras. Prix 23 €
• Pinot gris « Douce » 2012. C’est plutôt un demi sec (30 à 35 g de sucre résiduel) mais avec de faux airs de moelleux. Un peu astringent. 10 à 15 ans de garde. – Prix 23 € –
• Gewurztraminer « Marie » 2012. nez ample caractéristique des gewurztraminer. Arôme de litchis. Prix 23 €.
• Assemblage pinot gris/ muscat Grand Cru « Marie Madeleine » 2019. Vin intéressant, avec une attaque acide qui apporte de la fraîcheur. On sent le sucre (30 g de sucre résiduel) mais avec une légère amertume en fin de bouche. – Prix 26 € –

Domaine André Stentz

De l’avis de tous, la visite du Domaine André Stentz à Wettolsheim a été une heureuse surprise.

Avec des vignerons de père en fils depuis 1674, ce domaine d’une dizaine d’hectares est en culture bio depuis 1984 (certification Nature et Progrès). C’est André Stentz qui fait prendre au domaine le virage de la conduite de la vigne en bio. Il est aidé de son fils, de Jacques un employé ainsi que d’une personne à mi-temps.

Jacques a guidé l’équipe dans la visite, et une impression de grande simplicité a été ressentie : un travail de la vigne dans le respect des sols avec un semis d’herbes à engrais qui seront roulées pour faire un bon paillage, l’utilisation parcimonieuse du cuivre et du soufre pour protéger la vigne, un ébourgeonnage soigneux pour dégager les rameaux qui portent les grappes, des vendanges à la main, un pressurage lent des raisins entiers.

Côté vinification, des levures endogènes, très peu de sulfites voire pas du tout pour les pinots noirs, élevage en cuve pour les blancs et en barrique pour les rouges.

Quant à la gamme des vins, elle donne la même impression de simplicité : des vins d’Alsace millésimés, des crémants, des vins de terroirs puisque le domaine comprend des terroirs très connus (Rosenberg, Shoflit) ainsi que des parcelles classées en Grand Cru, Mandelberg et Steingrubler, des vendanges tardives et quand c’est possible c’est-à-dire une fois tous les 10 ans environ, des sélections de grains nobles.
Pas de vin de macération expérimentale, une gamme de vins classiques et sans chichis avec, ce qui ne gâte rien, des prix très raisonnables.

12 vins ont été proposés à la dégustation par Jacques avec beaucoup de compétence et de gentillesse.

• Sylvaner 2020. 13°. Sur sols argilo calcaire. Vin vif avec des notes d’agrumes, belle acidité, parfait pour des huîtres. Prix 7,60 € .
• Pinot blanc 2021. Tout aussi vif que le premier mais un peu plus gras, plus de caractère. Élevage sur lies en cuve. Prix 9,30 € .
• Riesling 2019. Des arômes d’agrumes, vin frais, des notes minérales (8 g de sucre résiduel) Prix 9,80 €.
• Riesling grand cru Mandelberg 2020. Sur sols argilo calcaire et marnes . Vin vif, agréable et complexe avec une note de salinité. Vin de grande garde .Prix 15,50 € .
• Riesling Rosenberg 2019. Arômes de fruits confits, un peu plus sec tendre que le précédent mais avec une belle trame acide. Parfait pour l’apéritif ou avec du saumon fumé. Prix 12,30 € .
• Muscat 2020. Arômes typiques du muscat. Bouche ample et fruitée. (20 g de sucre résiduel). Parfait pour l’apéritif, les asperges.
• Pinot gris 2020. Vin doux agréable (30 g de sucre résiduel) .Prix 10,30 € .
• Pinot gris 2021. Vin corsé (14,5°) et exceptionnellement sec. Nez de fruits, bouche ample et franche. C’est un vin de gastronomie. 5 ans de garde. – Prix 10,30 € –
• Gewurztraminer 2020. Nez intense mais cependant pas trop marqué. Vin très équilibré pour un apéritif, sur les fromages. – Prix 11,70 € –

Après les vins blancs, les vin rouges :

• Pinot noir 2020. Sans sulfites ajoutés. Élevé en fût ancien après 7 jours de macération avec pigeage et remontage. Vin rouge léger et fruité.
• Pinot noir Rosenberg 2020. Sans sulfites ajoutés. 13,5°. Sur sols argileux, marnes et calcaires. C’est un vin très rond au léger goût de cerises, charpenté mais pas trop. – Prix 12,50 € –
• Pinot noir Schoflit 2019. Sans sulfites ajoutés .Sols marno calcaires. Élevé en barriques, ce vin de grande garde mériterait d’être un grand cru. Robe d’un rouge profond. Bouche ample, fruitée et ronde.Prix 15,30 €.

Une belle surprise, vraiment, que la dégustation a confirmée.

Maison Moritz Prado

Aux antipodes des domaines où des générations de vignerons se succèdent, l’équipe de Vin sur Vin s’est retrouvée à Albé, un joli village de « montagnes » devant un chai tout neuf, bardé de bois et bioclimatique, chaleureusement accueillie par Angela, la vigneronne.

Angela Prado et Guilain Moritz

Quelle probabilité pouvait-il y avoir pour Angela Prado, la belle colombienne venue à Paris effectuer des études dans les finances, d’acheter un domaine de 5 ha en Alsace avec Guilain Moritz ? Certes Guilain est alsacien mais du côté de Strasbourg, donc un peu étranger pour les gens d’ici.
C’est pourtant ce qui est arrivé à ces deux là, qui ont pris des risques, mais qui ont cru en leur bonne étoile.
L’un et l’autre se sont dotés d’une solide formation en viticulture, même Angela qui ne voulait pas être « la femme du vigneron ». Ils ont multiplié les expériences, en Australie, Nouvelle-Zélande et au Portugal pour Guilain, en Bourgogne pour Angela et en Roumanie pour tous les deux, pendant 8 ans, dans un domaine de 50 ha… en trouvant le temps de faire deux enfants.

Comme ils anticipent les conséquences du changement climatique, ils ont souhaité créer un domaine au Nord de la France, qu’ils ont trouvé à Albé où, grâce à une altitude moyenne (400 à 500 m) à des nuits fraîches et à une bonne exposition, les vignes sont régulées et protégées de la chaleur. Comme le dit Angela, le changement climatique a rendu service. De plus, le terroir de schiste est très favorable à la vigne qui s’enracine en profondeur dans le feuilletage du schiste et y trouve les minéraux dont elle a besoin.

C’est ainsi que ce couple de vignerons, sans aide familiale, fonde au début 2018 la Maison Moritz Prado, en achetant du matériel d’occasion et font construire leur chai, au bout de quatre ans avec leur logement à l’étage.

Dans ce domaine en conversion bio depuis 2019, toutes les interventions sont manuelles.

Ebourgeonnage, traitement par préparations biodynamiques, semi de légumineuses, céréales et colza entre les rangs pour créer un couvert végétal et stimuler la vie microbienne des sols, vendanges à la main et en caisses pour ne pas écraser le raisin avec une particularité : il faut protéger les raisins mûrs avec des filets pour éviter que les sangliers ne viennent prendre leur dessert dans les vignes.
On trouve quatre cépages, riesling, pinot noir, pinot gris et sylvaner.

Dans le chai, cuves, fûts en chêne et jarres en grès permettent de diversifier les vinifications, diversification indispensable pour les jeunes vignerons, soucieux de rassurer les vignerons « historiques » du village en montrant qu’ils savent faire autre chose, sans venir les concurrencer. Angela et Guilain se libèrent d’ailleurs volontiers des contraintes des cahiers des charges AOC en produisant une gamme de vins « Nous somme libres » avec des vins non filtrés et sans sulfites ajoutés.
30 % des vins sont exportés, 30 % sont vendus aux particuliers et 30 % à des professionnels français.

Six vins ont été proposés à la dégustation :

• Riesling Terroir de Roche 2020 . 12,5°.Vin très vif, clair et droit aux notes de citron. 2 à 3 ans de garde. Prix 11,50 €.
• Riesling Coteaux du Schiefferberg 2019 . Élevé en cuve inox et en amphore, ce vin provient d’un terrain appartenant à une amie qui cultive en bio. Vin vif et minéral mais complexe avec un côté salin et des notes d’agrumes. Prix 19,50 €.
• Pinot gris Terrasses du Steinacker 2019. Élevé en cuve inox puis amphore et fut de chêne ,ce vin a un nez curieux, un peu déroutant. Vin intéressant, un peu doux et citronné. Prix 19,50 €.
• Riesling et Sylvaner « Nous somme libres ». Les deux cépages ont fait l’objet d’une plantation en sélection massalle, plantés côte à côte. Élevage en amphore à 100 %. Il s’agit d’un vin« orange » de macération. Robe orange pâle, vin complexe aux notes de fruits exotiques, un peu salin. Prix 21 €.

Après les vins blancs, les vin rouges :

• Pinot noir Terroir de Roche 2021. 12,5°. Grappes éraflées à 50 %. Vin agréable vif et léger, plutôt rond, nez fruité. Garde 5 à 8 ans. Prix 12,60 €.
• Pinot noir Clos du Sonnenbach 2018. Grappes éraflées mais 20 % de grappes entières. 30 jours de macération. Vin élevé en barrique 11 mois , en amphore (10 %) et en cuve inox (50 %).
  Robe très sombre. Vin puissant mais rond, fin de bouche épicée. Prix 25,50 €.

Une infinie variation de cuvées
La première interrogation qui se posera pour quasiment tous les domaines visités porte sur l’exceptionnelle diversité des cuvées. Pourquoi autant de vins différents ? Plus d’une vingtaine au domaine Braun, environ quarante cinq chez Becker, etc.
La réponse apportée par Maxime, notre guide chez Camille Braun, vaut également pour la plupart des domaines : à la suite de plusieurs effondrement du massif rhénan il y a des millions d’années, la géologie des sols est très compartimentée, ce qui donne une juxtaposition de parcelles très petites et très diverses. Granite et grès, calcaires, argilo-calcaires, marnes quelquefois schistes cohabitent parfois sur un même domaine. Chaque parcelle fait donc un vin différent et les vignerons choisissent de conserver cette spécificité, ne choisissant que rarement de procéder à des assemblages.

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