L’équipe VinoTours à la découverte du vignoble en Aveyron

Vigonble en Aveyron

Le voyage 2023 se déroule dans le vignoble Aveyronais.

La Dream Team voyage de Vin sur Vin  (Sébastien, Patrice, Sylvie, Roselyne et Fabien) a fait très fort pour organiser ce voyage en Aveyron .

Un gîte confortable, des rencontres avec les vignerons de 7 domaines en bio, du temps pour quelques visites touristiques, des piques-niques cousus mains, des restaurants judicieusement choisis, le tout bien emballé dans un programme accompagné d’une carte interactive. Quelques éclaircies en prime dans un ciel plutôt gris, que demander de plus ?

L’Aveyron, un paysage de vallées souvent encaissées, partout des terrasses étroites sur le versant des coteaux où l’on a cultivé la vigne depuis bien longtemps. Beaucoup de ces terrasses ont été abandonnées à la forêt au fil du temps, mais beaucoup aussi ont été patiemment remontées malgré les difficultés et cultivées à nouveau.

Tout cela laissait présager des vignerons et vigneronnes au caractère bien trempé … L’équipe n’a pas été déçue … Il en fallait du caractère et du courage pour travailler la vigne en cette année 2023 où le mildiou a sévi dans tous les domaines visités, suivi de la sécheresse, faisant s’envoler les perspectives d’une bonne production.

 

Hugo Épinoux – Château de Beauregard – Coubisou près d’Estaing

Belle rencontre avec un jeune vigneron de 29 ans, Hugo Épinoux, qualifié par l’un des vignerons visités de « C’est un gars bien, brillant ! »

Il est arrivé à Estaing un peu par hasard après un BTS. Il loue la cave et les dépendances du château de Beauregard et cultive en bio 5 hectares de vignes sur plusieurs parcelles et sur un sol argilo- calcaire. Sur l’AOP d’Estaing -23 hectares exploités- Il fait partie d’une poignée de vignerons dont 6 ou 7 sont en coopérative  lui-même ayant préféré rester indépendant.

Ce vigneron courageux travaille seul, tout en étant peu outillé, un tracteur, un chenillard pour travailler dans les pentes – très raides les pentes- et un petit pressoir hydraulique. Contre le mildiou qui a beaucoup sévit cette année, il utilise de la bouillie bordelaise et des tisanes. Comme dans tous les domaines visités, les vignes sont enherbées et plantées en engrais vert le plus souvent coupé ou roulé.

On ne peut pas dire que Hugo Épinoux cherche à étendre sa clientèle. Avec un faible rendement de 15 à 20 hl/ha et une petite production de 5000 à 6000 bouteilles par an, il se satisfait de son réseau familial ,d’amis ,de clients près de Poitiers ainsi que d’un importateur japonais rencontré sur un salon.  

 Après une balade dans une parcelle de vigne plantée en Fer Servadou appelé aussi localement Mansois ou Braucol, la dégustation a porté sur 3 rouges et un blanc.

Les dégustations

  • Rouge « Pur Fer » 2020

IGP Aveyron -11,5°. 100%Fer Servadou. Élevé en cuve pendant un an après égrappage et une macération de 10 jours. Très fruité, une note de cassis, plutôt rond en bouche et agréable.  Prix : 16 €   

  • Rouge « Mémoire d’Anciens » 2020      

IGP Aveyron -12,5°. Jurançon noir 80 %,Valdiguië 10 % ,Abouriou 10 %. Nez de pruneaux et de cassis, plus astringent que le précédent, plus tannique. Prix : 16 €

  • Rouge « En chemin »2020

Vin de France-12,5. Élevé 2 années en barrique. Fer Servadou 50 %, Gamay, Jurançon noir et Cabernet.Le Jurançon noir issu du croisement entre le Malbec et la Folle Blanche, donne du corps au vin . Vin fruité, long en bouche avec un peu d’astringence en finale. Prix :16 €

  •  « Blanc » 2020

Assemblage chenin et Mauzac (mais pas seulement… de l’aveu d’Hugo, il reste toujours sur les parcelles quelques vieux cépages …). Une semaine de macération. Robe orange un peu trouble -saveur d’ananas rôti, rafraîchissant, un peu d’astringence. Prix : 16 €

Hugo Épinoux a tenu à faire goûter ses vins de l’année, avant mise en bouteille :

  • Un blanc 2023 (Les grappes entières sont mises en cuve pendant 2 semaines)

Un petit goût de bernache, il fera un bon vin selon le vigneron quand il aura fait sa Malo ( en chauffant un peu si besoin) 

  • Un rouge 2023 en AOP Estaing

Assemblage de Fer Servadou, Cabernet et Gamay très prometteur.

  • Enfin l’inévitable -mais très bon-Ratafia à 13°, que l’on trouvera dans tous les domaines visités Jus de raisin muté par ajout d’alcool et passé 2 ans en barrique. Prix 13 €

Jean Luc et Françoise Matha -Domaine Matha à Clairvaux d’Aveyron

La visite du Domaine Matha à Clairvaux d’Aveyron, qui n’a rien à envier à Colonges la Rouge, c’étaient des retrouvailles avec des amis Jean-Luc et Françoise, des fidèles du salon VinoTours.

Quand on a fait l’objet d’un article élogieux dans la prestigieuse Revue des Vins de France, que dire d’autre de Jean-Luc Matha ? «De Jean-Luc Matha, on ne voit d’abord que ses mains. Des mains qui tiennent sans risque un magnum, comme si c’était un pays tout entier. Il ponctue avec elles des mots pleins de l’accent de sa terre : argilo-calcaire, lourde, celle du Rougier……Jean-Luc Matha est de ceux grâce à qui le vignoble a obtenu le sésame pour la reconnaissance de l’AOC, il n’en tire aucune gloire. Il préfère raconter qu’il fut le promu à rester sur ces vignes…par les anciens, par son père, qui ont déposé en lui le don de l’observation … »

L’observation est en effet très importante pour Jean-Luc Matha, lui qui dit souvent aux apprentis qu’il forme :

Jean Luc Matha

« touchez la vigne, un genou à terre et observez »

C’est donc un accueil très chaleureux qui attendait l’équipe de Vin sur Vin autour d’une table généreusement pourvue par Françoise d’une belle brioche et de toasts. On a beaucoup entendu parler de la recette infaillible pour faire rougir les tomates et d’une certaine Paulette que son mari cherchait partout à l’ouverture de la chasse, on a moins entendu parler du domaine et des vignes – presque 14 hectares sur l’AOP Marcillac, en bio depuis 2016, vendanges à la main et toujours égrappées- mais l’équipe a dégusté toute la gamme des vins et ratafia dans une joyeuse ambiance :

  • A Vin orange « Alban » 2022- AOP Marcillac

70 % muscat petit grain, muscadelle,  ondenc. Macération pelliculaire, pas de sulfite ni de levures ajoutées. C’est un vin floral, un peu oxydé, tannique. Prix: 12,50€

  • Rosé « L’Arroseur à rosé »2 022-AOP Marcillac

Servadou (ou Mansois) 100 %-13,5°-. Vin de presse, sans sulfite ni levure ajoutés, ce vin est vendu en Vin de France parce qu’il n’a pas obtenu l’agrément « saqué » comme dit Jean-Luc. C’est un rosé sec, au nez de griottes, un peu perlant. Prix: 10,50€

  • Rouge « Le Bien Nez »2014-AOP Marcillac

Fer Servadou  (ou Mansois) 100%. Avec un nez de poivron mur, c’est un vin original, très spécial, qualifié par le vigneron de vin des végétariens. Prix: 8,20€

  • Rouge « Baiser retrouvé »2020-AOP Marcillac

100% Mansois -12°. Vin nature plutôt rond en bouche. Prix: 11,50€

  • Rouge « Laïris » 2016 -AOP Marcillac

Laïris est le nom d’une parcelle qui fait référence à l’araire avec laquelle on retournait le sol. Fer Servadou (ou Mansois) 100%. Nez de cerise, avec une saveur un peu poivrée. Prix:10,60€

  • Rouge « Parole Libérée »2018-AOP Marcillac

Fer Servadou (ou Mansois) 100%- 12,5°. C’est un vin solaire, plus rond, « qui passe bien ». Prix: 11,50€

  • Rouge Tu rougis, moi aussi » 2019 – AOP Marcillac

Fer Servadou (ou Mansois) 100 %-12,5°. Vin onctueux, généreux, nez de fruits mûrs

  • Rouge « Gambas Rugias » 2013- AOP Marcillac

Nez de poivron mûr, vin sur le confituré. Fer Servadou (ou Mansois) 100%

  • Rouge « Jamaï Vist » 2017-AOP Marcillac

Fer Servadou (ou Mansois) 100 %. 2017 a été une année de gel qui a touché toutes les parcelles du domaine. Le vin a un nez et une saveur de poivron, il est plus concentré, plus tannique.Prix: 21,90€

  • Rouge « Peirafi » 2013 – AOP Marcillac

Fer Servadou (ou Mansois) 100 %. Ce vin a bien vieilli, avec des notes de fruits mûrs, un peu poivré, agréable. Prix: 17€

  • Ratafia blanc

Élaboré avec 70% de jus de raisin Muscat

  • Ratafia rouge

Muté avec du jus de raisin rouge, ce ratafia est plus vineux, avec une note de caramel

  • Ratafia « Lou Grabel »

Élaboré sur du vin blanc -chenin-dans lequel ont macéré des fleurs de pissenlit avant ajout d’alcool. L’alcool de tous les Ratafia est produit dans l’alambic du domaine, un alambic impressionnant admiré par toute l’équipe de Vin sur Vin.
Un petit tour à la boutique a permis de découvrir une outre ancienne en peau de chèvre de 90 litres qui servait à sortir le vin de la cave. Surprenant aussi le « cabessal » en osier que les vendangeurs portaient autrefois sur la tête, sur lequel était calé le « carretchadou » lui aussi en osier, qui contenait les grappes et qui servait aussi de mesure.

Yvan Marie Ruffié. Vignes de Signols à Saint Cyprien sur Dourdou près de Conques

YVAN MARIE RUFFIÉ
Comme il le dit lui-même, il est arrivé à Signols comme un cheveu sur la soupe, il y a 5 ans.

Yvan Marie Ruffié en a 75, c’est dire qu’il a eu plusieurs vies et qu’il en entame une autre en produisant ses vins en biodynamie sur 3 hectares de vignes en terrasses, plantées en Fer Servadou, Le tout sur l’AOP Marcillac et sur un sol de grès rouge et siliceux.

Ce vigneron très sympathique est un excellent communiquant : il le fallait puisqu’après avoir enseigné l’histoire, il devient comédien et musicien et anime des spectacles de chant, théâtre, danse avec son groupe bien connu en Aveyron « Obsession ». Mais à la retraite, le statut d’intermittent du spectacle ne nourrit pas son homme, alors la vigne est à la fois une passion et une nécessité.

Sa vigne, il l’a créée de toutes pièces en achetant ses plants et son matériel, sans héritage familial lui qui est fils de mineur ; il s’est lancé un vrai défi en plantant ses 3 ha de vignes protégées de la pollution au milieu de sa propriété, une nature sauvage de 12 ha.

Pas de chance pour cette année 2023 catastrophique à cause du mildiou et de la sécheresse, sur la récolte qu’il pensait sauver, Yvan Marie Ruffié n’en produira qu’un tiers.

Son métier de vigneron, il le fait «à l’intuition, au raisonné et au ressenti » avec le souci de nourrir la terre, de respecter le biotope en apportant beaucoup de compost issu des taillis de son domaine et aussi de l’engrais vert en semant des graminées florales entre les rangs.

Le compost mélangé à des apports de terre est indispensable parce que dans les terrains en pentes, le sol est raviné et subit une forte érosion.

Le vigneron soigne sa vigne avec des tisanes, du purin de plantes, du souffre, mais du souffre volcanique. Les vendanges sont manuelles.

Les vins sont nature, sans aucun intrant et passent tous 6 mois en barrique.

Après une balade dans la vigne, une dégustation de 3 vins a suivi :

  • Rouge « Le Petit Couillut »2022

AOC Marcillac-12,8°.  Après égrappage, fermentation en cuve 8 à 10 jours sur un pied de cuve (avant la vendange quelques kilos de raisins sont placés au fond de la cuve et commencent à fermenter) puis élevage en barrique. Nez de fleurs, cerise acidulée en bouche. Vin léger, sur le fruit, très agréable même servi frais.

  • Rouge « Kazimodo » 2022

AOC Marcillac-12,4°  2/3 de jus de goutte et 1/3 de jus de presse. 6 mois de barrique. II s’agissait d’une bouteille ouverte depuis 10 jours. Arômes de cuir.

  • Rouge «Kâzimodo» 2022

AOC Marcillac. Le même mais cette fois la bouteille a été ouverte devant l’équipe. Nez floral, rond en bouche mais intense. Après la dégustation Yvan Marie Ruffié a confié qu’il aimerait bien planter 1 ha en Sauvignon gris, pour avoir un vin minéral.

Claudine Costes Vinas et Samantha Fortuny « Domaine des Costes Rouges » à Combret de Nauviale

Les côtes où sont perchées les vignes, au pied du Château de Combret, sont rouges, d’où le nom du domaine situé sur un terroir argilo-gréseux les fameux rougiers de l’AOP Marcillac.

Ce sont deux vigneronnes qui accueillent l’équipe de Vin sur Vin, Claudine Costes Vinas et Samantha Fortuny et aussi un petit troupeau de brebis semé dans les vignes en contrebas.

Claudine et son mari Eric sont installés depuis 30 ans ; ils ont commencé par créer une ferme auberge puis, pour compléter une parcelle familiale jamais cultivée, ils ont acheté petit à petit des terres à vignes, quand l’occasion se présentait -pas facile, l’Aveyron étant une terre d’élevage.

Le domaine comprend à présent 9 ha de vignes dont 3 en terrasses, cultivées en bio depuis 2009.

Les deux vigneronnes préciseront qu’une faille délimite l’AOP Marcillac au Nord. Le terroir des rougiers est constitué de strates horizontales de grès et d’argile où la vigne pénètre peu le sol. Il est très ferrugineux d’où sa couleur. Avec un climat plutôt continental, les nuits sont fraîches ce qui donne des vins sur la fraîcheur avec plus d’acidité.

Ce sont les moines de Conques qui ont implanté la vigne au IX siècle … On raconte qu’un moine très obstiné et très patient, est allé voler les reliques de Sainte Foix en se faisant accepter pendant 23 ans par les moines d’Agen qui les détenaient. Il a transporté son précieux butin dans un fagot de sarments de vignes pour ramener la Sainte à Conques.

 

Bien plus tard le développement du chemin de fer a desservi la vigne. Le vignoble s’est certes étendu avec les mines ensuite, mais pour produire des vins peu qualitatifs. Finalement c’est le déclin, puis la fermeture des mines dans les années 60, qui ont incité les vignerons à créer une coopérative et à s’orienter vers des vins de qualité.

L’AOP Marcillac a été créée en 1990. Elle s’étend sur 220 ha plantés, dont la moitié est destinée à la cave coopérative. Ce sont les paysans d’autrefois qui ont défriché la forêt, créé des terrasses, monté des murets, les vignerons d’aujourd’hui ont hérité de ce patrimoine dont ils sont fiers même si son entretien demande beaucoup de travail.

Les vigneronnes indiquent qu’au domaine, les vignes font l’objet, après chaque vendange, à l’automne, d’un semis d’engrais vert qui sera ensuite broyé au sol ou couché. Les brebis sont là pour entretenir et donner de la biodiversité. Pour Claudine Coste, on n’est pas loin de l’agroforesterie avec la forêt omniprésente, une agroforesterie naturelle.

Pendant la visite du chai, avec de belles cuves inox, l’équipe a appris que sous les pieds, des cuves en béton étaient enterrées. C’était un choix raisonné : il fallait agrandir le chai et les cuves enterrées sont bien pratiques pour lutter naturellement contre la chaleur. Le béton n’est pas imperméable, c’est pourquoi ces cuves enterrées sont ouillées, comme le sont les barriques.

Les vendanges sont manuelles. Les grappes sont éraflées . La vinification est traditionnelle avec seulement des levures endogènes : elles sont sélectionnées après avoir fait fermenter avant la vendange quelques kilos de grains de raisins. 

Le rendement habituel est de 30 à 35 hl/ha mais en 2023, pour cause de mildiou et de sécheresse, il est tombé à 20 hl/ha.

50% de la production est vendue à des particuliers, surtout en magasins de producteurs et sur quelques 6 à 7 salons. Le reste concerne des restaurants, des cavistes et un peu d’export.

La dégustation autour de la grande table de l’ancienne ferme auberge a porté sur 8 vins :

  • Rosé «Tandem» 2022

AOP Marcillac – 13°. Fer Servadou 100%. Teinte soutenue, un peux doux en bouche, très gourmand avec une saveur de cerise. Prix:9,50€

  • Rouge «Tandem»2022

AOP Marcillac – 13°. Fer Servadou 100%. Un peu terreux au nez, plutôt rond ,notes de fruits murs en bouche . Prix:10€

  • Rouge «Tandem»2021

AOP Marcillac – 13°. Fer Servadou 100%. 2021 a été une année plus fraîche, ce vin a plus d’acidité que le précédent.

  • Rouge «Clos Ferrière»2021

AOP Marcillac – 12,5°. Fer Servadou 100% issu de vieilles vignes. Vin élevé en cuve enterrée pendant plus de 12 mois. Nez de fruits, de pruneau, un peu minéral, long en bouche. Prix: 13€

  • « Méli Mélo » 2022

AOP Marcillac – 12,5°. 85% Fer Servadou 15% Prunelard: le Prunelard , ancêtre du Malbec, donne de la structure au vin. Avec sa robe noire, un nez de sous-bois , plus puissant que les précédents,un peu d’astringence en fin de bouche. Prix: 12,50€

  • Rouge « Coup de Foudre»2020  

AOP Marcillac. Passage en fût de chêne pendant 12 mois.Vin puissant mais rond en bouche, très agréable, notes de vanille. Prix:16€

  • Ratafia

Fer Servadou muté. Prix: 16€

  • «Muse» 

Vinifié comme un Banyuls , vendu en bouteille de 50cl. Prix: 17€

Laurent Mousset et son fils Pierrick – Domaine Mousset à Le Fel

Au domaine Mousset, surprise…Vin sur Vin avait été oublié … Pierrick , le fils, a vite été expédié par sa mère et s’y est collé.

Changement de terroir radical; si les coteaux pentus et les terrasses sont toujours là, les rougiers ont laissé la place aux schistes sur Le Fel et aux granits sur Entraigues.

Le domaine Mousset est l’un des 5 vignerons de l’AOP Entraigues – Le Fel- 24 ha plantés –

Laurent Mousset , le père s’est lancé dans l’aventure en abandonnant l’élevage et en plantant 3 ha de vignes en rouge et rosé- Fer Servadou bien sûr, mais également Cabernet franc et Cabernet Sauvignon- par la suite il étendra son vignoble jusqu’à 8 ha dont 2 ha de blanc, en chenin .

Pierrick son fils, a toujours su qu’il serait vigneron et a multiplié les formations et diplômes : avec son père, ils forment une équipe solide pour une agriculture biologique entamée en 2016.

Comme dans les autres domaines visités, Pierrick a évoqué ce mois d’Août dont la chaleur terrible a entraîné un « effet feu » qui a brûlé les pieds de vigne dans certaines parcelles.

Concernant la vinification, il précise que :

  •  Pour les rouges, les grappes passent dans un égrappoir, puis sur une table de tri vibrante .

Les grains entiers vont macérer en cuve 1 à 3 semaines. Le 1er tirage  vin de coule, va donner un vin souple, sur le fruit. Le reste va être pressé, ce qui donnera un vin de presse, plus tannique. Une partie sera élevé en barrique pendant un an

  • Pour les blancs, les grains font l’objet d’un pressurage direct dans le pressoir.

Visite ensuite du chais qui a été a été agrandi, 30 barriques sont stockées dans un local dont le mur du fond s’appuie sur un banc de schistes. 95% de la production est vendue en Aveyron  dont 50% en juillet et août . Pierrick et son père se font aider par les conseils d’un œnologue ami qui travaille sur Banyuls mais réside au village et cultive un ha de vigne. Son vin est vinifié au domaine…un échange de services entre amis …

La dégustation qui a suivi a porté sur 8 vins, 2 blancs, 1 rosé et 3 rouges. Entre temps l’équipe a fait une razzia sur les conserves d’un producteur local, pâtés, choux farcis, tripoux ..   

  •       « Blanc »2022

AOP Entraigues Le Fel. 100%chenin, élevé en cuve. Vin fin, minéral Prix : 9€

  • Blanc « Peyrouty »2021

AOP Entraigues Le Fel. 100%chenin, élevé en fut de chêne pendant un an. Plus solaire que le précédent. Prix : 14€

  • « Rosé » 2022

AOP Entraigues Le Fel. 2/3 Fer Servadou, 1/3 Cabernet franc. minéral. Prix : 9€

  • « Rouge » 2022

AOP Entraigues Le Fel  -11,7°. 80% Fer Servadou et 20% Cabernet. Ce vin a un nez de poivron, typique du Mansois. Prix :9€

  • Rouge « La Pauca » 2020

AOP Entraigues Le Fel  13°. 50% Mansois, 25% Cabernet franc et 25% Cabernet Sauvignon. Vin plus rond, plus solaire, plus de corps. Prix : 14€

  • Rouge « Lo Biaîs » 2018

AOP Entraigues Le Fel  14°. 50% Mansois, 25% Cabernet franc et 25% Cabernet Sauvignon. Vin fin, solaire, excellent vin de garde. Prix : 27€

Patrick et Joël Rols -Domaine Rols à Conques-en-Rouergue

 A Vin sur Vin, on aime bien, à l’occasion des voyages du club, aller visiter les domaines de vignerons qui viennent au salon VinoTours. Après Jean-Luc Matha, c’était le tour du domaine de Patrick et Joël Rols à Conques, et là aussi on retrouvait des amis.

La visite a commencé par une balade dans les vignes sur les terrasses qui dominent Conques, un magnifique panorama. Le chemin de Saint Jacques de Compostelle passe juste entre leurs vignes et le chai. Bien sûr les deux frères ont parlé du mildiou, de la sécheresse et de la récolte catastrophique de 2023.

Depuis plus de 20 ans Patrick et Joël cultivent leurs vignes et en ont fait un domaine renommé. Ils produisent des vins nature, sans aucun intrant, sur les 6 ha du domaine plantés sur des terres de schiste en Cabernet Franc, Cabernet Sauvignon, Merlot, Syrah, Chardonnay et Merlot. Leurs vignes ont été plantées en 2003, 2004 et 2005 sur un site où la vigne existait autrefois 

La dégustation qui a suivi s’est faite dans le chai, directement de cuve en barrique, selon l’inspiration du moment de Joël et Patrick. Joël avait fait préparer une tarte originale aux orties et tomates, parfaite pour accompagner des vins nature.

Au cours de la dégustation, rencontre impromptue avec un jeune vigneron italien Jacopo Stigliano qui cultive des vignes anciennes entre Bologne et Modène . Il n’a pas suffisamment de stocks pour participer à VinoTours mais pourquoi pas une autre année. Mathieu un ami restaurateur l’accompagnait il a évoqué la création prochaine d’un restaurant en limite de l’Aveyron,.. à suivre..

  1. Vin  nouveau 2023 un vin pas fini
  2. Rosé « La Vinzelle»2022

Malgré une teneur en sucre inférieure à 2g/l ce vin rosé paraît légèrement doux. Il est -volontairement-un peu perlant.

Il s’agit d’un ha de vignes en rosé de presse : après égrappage, le raisin est mis en cuve où il macère 5 à 6 heures, ensuite tirage d’un 1er jus, on presse les grains et on mélange les 2 jus.

Les vins dégustés :

  • Rouge « La Coquille»2022

Vinifié sur grappes entières en cuve inox, vinification  traditionnelle et macération carbonique. Cabernet Franc, Cabernet Sauvignon et Merlot. Vin sur le fruit, un peu tannique. Aucun sucre résiduel mais cependant une impression de douceur. Pour Joël « C’est le millésime et la matière qui donne cette impression de douceur»

  • Rouge « Si rare » 2022 tiré de la cuve

100% Syrah -12°. On ne pouvait l’appeler que « Si rare » selon les deux frères  Prix:12€

  • Rouge « Les Anciens 2022 »

Merlot, Cabernet Franc, Cabernet Sauvignon  même assemblage que «La Coquille» mais vinifié différemment. Encore en cuve bois. Ne sera mis en bouteille qu’en 2024. Vin fin, notes de fruits rouges

  • Rouge « Les Anciens 2019»

Très fruité, avec plus d’acidité que le précédent. Prix: 12€

  • «Amusette »

Chardonnay 100 %. Ce vin très équilibré, avec une légère acidité ne sera pas sur le salon VinoTours 2024

  • Vin orange «Coccinellle»2021

Chenin

Sébastien Lavaurs – domaine « Les Orchidées Sauvages » Montmurat (Cantal)

Avec un nom de domaine pareil «Les Orchidées Sauvages», une bonne partie de l’équipe de Vin sur Vin pensait visiter un genre de conservatoire botanique, une surprise prévue au programme. Mais c’était bien un domaine viticole situé sur une zone Natura 2000 qui définit des espèces protégées au plan européen ..comme les  Orchidées Sauvages…

On était sur le retour et l’équipe manquait de temps.. pas de ballade dans les vignes donc.. mais une belle rencontre avec un vigneron.

Sébastien Lavaurs fait partie des 5 vignerons du Cantal dont les vignes sont sur l’IGP Comté Tolosan.

Il s’agit d’un petit domaine de 3 ha en production sur un terroir argilo calcaire et des coteaux plein sud.

  Ancien ouvrier dans une usine d’aéronautique, Sébastien Lavaurs s’ennuyait , le grand air lui manquait. Dès 2016 il reprend la ferme de ses beaux-parents , éleveurs laitiers. Il garde le demi ha planté en 3 hybrides (Chambourcin, Villard noir, Seibel) qu’ils possédaient et commence ses plantations.

Pour vivre, il gardera une double activité jusqu’en 2019.

Dans l’ancien bâtiment d’élevage, il créera le chai, la cave et un point de vente.

Le catalogue des cépages de l’IGP Comté Tolosan étant très ouvert, on trouve plusieurs cépages sur le domaine : Tannat, Chambourcin, Villard noir, Seibel, Merlot, Cabernet Franc, Cabernet Sauvignon, Souvignier gris ainsi que 3 cépages plantés en 2023, Chenin, Romorantin, Solaris.

La vigne est conduite en biodynamie, des semi d’engrais verts sont réalisés chaque année, un rang roulé, un rang broyé. Le vigneron souhaite développer l’agroforesterie .

Les vins sont nature, vinifiés sans produits ajoutés.

Le rendement moyen est de 30/40 hl/ha mais en 2023, année terrible, le rendement est tombé à 7 ou 8 hl/ha.

La production est vendue sur quelques salons et marchés.

Au chai, Sébastien explique qu’il travaille seul et essaie de s’équiper pour gagner du temps : d’où un seul bâtiment qui regroupe chai, cave, point de dégustation et vente, d ’où également la présence d’une machine de mise en bouteille que l’on trouve rarement sur un petit domaine. Il dispose aussi d’un petit pressoir hydraulique familial et d’un vieux pressoir pneumatique.

La dégustation a porté sur 4 cuvées        

  •  Rouge « Prélude »2022

Vin nature 60% hybrides(Chambourcin, Villard noir, Seibel), 40% Tannat. 8 jours de macération, pas de filtrage, ni collage. Les hybrides apportent de la fraîcheur, le Tannat, une note de griottes. Gourmand, original, le vigneron le vend sur Paris.. 3-4 ans de garde. Prix : 9€

  • Rouge «Angelo Picolo»2022

 Vin nature 100% cabernet Franc -12,5°. 8 jours de macération. Plus rond que le précédent, légère astringence en fin de bouche. garde de plus de 10 ans. Prix : 12€

  • Rouge « Terre Happy » 2022

Vin nature 60% Cabernet Sauvignon, 40% Cabernet Franc -12,5°. 14 jours de macération pour le Cabernet Sauvignon, 8 jours pour le Cabernet Franc. Un peu plus d’astringence. Prix : 11 €

  • Rouge « Le vin qui fait danser les vaches »

Vin nature 100% Merlot (70 ares de Merlot sur le domaine). Élevage semi carbonique. Nez de cassis, saveurs de cassis … un velours de cassis !! Ce vin a fait l’unanimité. Le vin n’existait plus qu’en magnum et malheureusement il en restait très peu. Quelques veinards se sont précipités pour en acheter un, mais pour les 2 derniers, il a fallu organiser un tirage au sort …

Des visites de domaines mais pas que…

Le voyage en Aveyron a laissé la place à d’autres découvertes.

  • D’abord un gîte confortable dans un très joli site avec des grandes salles pour se retrouver, le Mas Naut (prononcer le Masse Nott) près de Saint Julien de Malmont, pas loin de Conques. De beaux bâtiments en grès rouge d’une ancienne ferme aménagés par Heïdi et Gunter, les propriétaires. Ils sont belges flamands et sont aussi l’un et l’autre musiciens, leur maison, où se trouvent quelques chambres d’hôtes, regorge d’instruments de musique, piano 1/2 queue et toute une série de trombones.
  • La visite du Musée Soulages à Rodez. La ville a su mettre particulièrement en valeur les tableaux de la période Outre Noir de Soulages, appliqués par des aimants aux immenses murs métalliques couleur rouille. En se déplaçant devant les tableaux, on voit le noir devenir lumière.
  • L’abbatiale de Conques avec une visite guidée très intéressante et bien utile pour comprendre toutes les subtilités des sculptures du magnifique tympan roman du Jugement dernier. Les vitraux de Soulages créés pour laisser entrer et moduler la lumière…mais malheureusement ce jour -à, la lumière était faiblarde, grise comme le temps.
  • Le cloître de l’Abbatiale dont l’aile restante abrite le musée du Trésor et ses pièces d’orfèvrerie sacrée dont la statue reliquaire de Sainte Foix.
  • Pour quelques courageux, la visite du village historique de Belcastel: il fallait mériter le château médiéval perché sur un coteau escarpé, mais que de merveilles …un pont du XVème très élégant qui enjambe la rivière , des ruelles pavées de galets, un four à pain communal, les maisons au toit de lauzes qui grimpent vers le château.
  • La galerie du Don à Le Fel. dans un site magnifique , au-dessus de la vallée du Lot: on peut admirer les œuvres de grands artistes céramistes et flâner en se laissant tenter par de jolies céramiques plus quotidiennes ou des bijoux.
  • Enfin le plaisir de se retrouver autour des piques-niques préparés par Sylvie et Roselyne, des petits déjeuners sympas, des 2 dîners au gîte préparés par les propriétaires dont un buffet aveyronnais et une dégustation de vins, et aussi des 2 bons restaurants  la brasserie «Le Colibri» à côté du Musée Soulages et « la Cantine » à Decazeville : mention bien pour leurs plats sans chichis mais savoureux et leur service efficace et souriant.

club vinotours à Conques